art martial sensoriel

Février 2023. Boulc en Diois. Centre Aguila.

Sur le bord de la route comme sur les chemins, du verglas et quelques couches de neige étaient là pour nous accueillir. Dernières traces de l’hiver au moment où les bourgeons se préparent à émerger. A l’horizon, la splendeur des montagnes. Chaque matin, au saut du lit, quelques âmes se glissaient en silence pour s’asseoir face à la grande baie vitrée et attendre le lever majestueux du soleil.

Nous étions huit femmes venues cueillir des perles de ressourcement dans ce cocon d’horizon. Jour après jour, comme des gouttes de rosée rafraîchissante, des baumes de chaleur, les corps se sont détendus, les visages se sont déplissés, révélant de nouveaux paysages.


Nos jambes se sont fait chênes centenaires, offrant à nos bras la légèreté d’un envol avec les gypaètes barbus. Nos dorsales, nos épaules, nos omoplates, nos fémurs et tibias, nos ailes iliaques se sont roulés dans le moelleux des tatami, rebondissant pour s’envelopper d’une couette d’air bien épaisse. Nos yeux se sont déposés dans leur hamac, au repos. Le silence a discuté avec le trille des oiseaux. C’était doux.


Nos pieds se sont pacifiés dans le massage, nos peaux ont rougi à l’ombre du sauna, nos pensées se sont baignées dans la coupe de nos cœurs en expansion, notre pinéale a brillé comme l’étoile du berger, nous guidant sur le chemin de l’équilibre entre l’action et le repos. Nous avons marché en funambules,
conscientes que l’ouvrage se tisse chaque jour.

Toutes nos fatigues oubliées sont remontées de la cave et descendues du grenier. Nous les avons accueillies, dorlotées, bercées, jusqu’à ce qu’elles se diluent en rires et en larmes. Pas à pas, étape après étape, le rouge nous est venu aux joues, les pétillements jusqu’au bout des doigts, la modulation de notre tonus éveillée, nos ventres prêts à s’engager dans la puissance douce de nos actions, la vitalité à fleur de peau, gorgée de nos cœurs en émoi.

Qu’il est bon de prendre soin du chemin, respectant nos rythmes, alternant pauses et mouvements de vie.


Après le dernier repas savoureux concocté par Aurore, chacune a repris sa route, les valises pleines de petits cailloux pour retrouver le chemin de ses horizons intérieurs, de son corps soyeux plein de soi, de ses chairs habitées, de ses pensées nourries de notre goût de vivre.

Trace poétique écrite par Stéfanie James suite au stage de ressourcement en Art Martial Sensoriel qui s’est déroulé du 16 au 19 février 2023 au Centre Aguila à Boulc, sur le thème : L’art d’équilibrer l’action et le repos.
Animé par Emilie Dalbanne et Stéfanie James